Grandir dans une secte


Jusqu'à cette vidéo ci-dessus, je n'avais entendu parler des témoins de Jéhova que négativement, que comme des gens bizarre qui sonnent à la porte pour prêcher la bonne parole ou quémander de l'argent. Esther qui est à l'origine de cette vidéo, je la suis depuis quelques temps maintenant et si j'ai cliqué, si j'ai voulu connaître, apprendre son histoire, c'est parce que d'une certaine façon je la connais déjà un peu via internet. Jamais je n'aurai regardé ce genre de vidéo de la part de quelqu'un qui m'est inconnu, sans doute par méfiance ou par manque d'intérêt.

Cette vidéo elle m'a apporté une réflexion importante sur nos constructions sociales et nos relations. J'ai appris à ne pas aimer les gens de ce groupe parce que mon entourage faisait de même, parce que ma famille, mes parents les ignoraient et m'ont appris à faire de même et m'en éloigner. J'ai donc grandis en mimétisme de ce comportement pour en arriver aujourd'hui à un point où je m'en moquais parfois, où j'ai entendu des critiques sans être choquée. Tout cela sans connaître vraiment les préceptes de ce groupe, de cette secte, sans connaître l'idéologie ou même quelqu'un du groupe.

Je ne connaissais pas vraiment avant cette vidéo leurs principes, jamais quand j'étais petite on ne m'a expliqué clairement leur idéologie et peut-être même que mes parents non plus ne le savent pas, tout en ayant un comportement mimétique de leur propre entourage, de mes grands-parents.

On se forge dans l'enfance, l'adolescence, mais la vraie force que l'on a et notre vraie personnalité c'est notre esprit critique, notre façon de réfléchir. C'est notre façon propre à remettre les choses en question, à s'intéresser. Je me sens bête aujourd'hui d'avoir pu juger un groupe entier sans rien connaître d'eux. Il est évident qu'aujourd'hui je ne partage pas leurs principes, mais c'est mon propre choix et non plus du mimétisme parce que j'ai fait un pas pour apprendre à connaître la réalité du groupe et voir ce que j'en pensais vraiment plutôt que d'appliquer une idée transmise que j'aurai accepté d'un bloc sans y penser, sans la remettre en question ou même sans savoir ce qu'elle contient vraiment : ce que j'avais fait jusque là.

Ce que je retiens en premier lieu c'est de ne pas juger sans connaître, sans rien savoir parce que ça n'a aucun intérêt, ça participe même je pense à la haine des autres, au clivage des groupes selon des idéologies sociales ou religieuses.

Ensuite, il y a aussi la partie "secte" qui est à prendre avec des pincettes. C'est une notion compliquée, différente pour chacun et assez flou même juridiquement. Plus jeune c'était un mot qui faisait peur parce qu'on a une certaine image des sectes qui ne représente pas toute la réalité.
Puis en arrivant à la faculté j'ai découvert "la Faluche" qui est une sorte de secte d'un point de vue juridique sauf que ce n'était pas l'idée que je me faisais d'une secte et surtout que je ne considérais pas cela comme une secte parce que j'étais libre de mes mouvements, de mes choix, de mes fréquentations, de mes actes, on ne me forçait à rien qui soit trop pour moi et j'étais libre de dire stop, je pars, je reste. Je faisais ce que je voulais à ce niveau.
Pour vous expliquer un peu l'idéologie du truc, c'est une tradition étudiante datant du 19ème siècle qui consiste universellement en France à porter un béret de velours noir lorsqu'on a été accepté dans la communauté, à y faire figurer les symboles de son cursus étudiant, de sa vie étudiante, falucharde et à ne jamais lier la communauté à une activité syndicale, politique ou religieuse, la Faluche étant indépendante.

J'étais la première de ma famille à faire des études supérieures et ça a été une chance immense de découvrir des gens bienveillants et une seconde famille, une entraide réelle, concrète juste par la communauté. Si demain j'ai besoin d'un coup de main je peux demander et être aidée, même par quelqu'un de la communauté que je ne connais pas. De même, j'aide volontiers des gens de la communauté qui me sont inconnus.
Même si je garde à l'idée que tout n'est pas rose, que tout danger n'est pas écarté car il y a des gens malsains partout, j'ai trouvé une communauté qui ne représente pas 100% de ma vie ni même 50%, mais qui me fait sentir plus en sécurité et qui m'apporte quelque chose de positif sans me restreindre.
Tout ça pour en venir au second point qui est que j'ai eu la chance de n'avoir pas eu de préjugés sur la "Faluche" avant d'arriver à la fac et que je ne connaissais pas du tout. Pour autant, il y a d'autres gens qui ont entendus des rumeurs ou ont été choqués. Tout se déforme, tout n'est pas vrai quand on a des préjugés mais aussi : tout n'est pas parfait ! Il y a des problèmes dans toutes les communautés et je me rends compte "en faluche" que c'est très vaste, dans toute la France, avec de nombreux étudiants et je suis certaine que si j'avais étudié ailleurs ou rencontrés d'autres gens en premiers, j'aurai peut-être détesté la Faluche.
Il semble donc important de garder une vue d'ensemble, d'avoir conscience que tout n'est pas noir ou blanc, qu'il y a des connards partout et qu'il faut s'armer de patience pour rendre son jugement plus juste et logique sur une communauté entière.

J'espère avoir apporté une réflexion à ton esprit, et je serai ravie d'en discuter en commentaire si tu as envie d'en parler.

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