Enfant de la réalité


Enfant de la réalité, tu écris, tu rêves, tu te noies et personne ne te tend la main. On te jette la première pierre, on te rabaisse. Tu encaisses mais tu débordes. Tu te détaches de la réalité, tu jette l'espoir dans tes livres. Ils sont tout ce qu'il te reste et tu vois, tu observes le monde autour. Tu perds pieds en fait. Tu ne souhaites qu'une chose et que la mer t'emporte. Tu rêves et tu ne sais pas comment te sortir de là. Tu te sens seule et perdue, on te rabaisse et tu pleurs au fond de toi. Quand la scène est éteinte lorsque tout le monde est parti, tu pleurs et ton coeur ralenti. Tes sentiments se vident. Tu deviens invisible. Tu sens cette douleur dans ton âme, ça te fait mal. Te lacère. Tu attends la pleine lune pour encore imaginer ce rêve parfait où tu brilles comme le soleil, ce rêve où enfin tu n'es plus invisible. Quelqu'un te remarque et c'est la folie. On se presse, on ne t'adule pas mais on te remarque. Ce n'est pas grand chose mais tu te sentirais mieux si seulement. Et ce rêve te donne un peu de force pour survivre jusqu'au lendemain. Ta survie ne tient pas à grand chose. Tu compenses tes angoisses, tu te ronges les sangs, te mordilles la lèvre. Oui tu te fais du mal. Tu connais ça depuis longtemps parce que c'est pour toi la seule solution. Tu as des problèmes et tu coules dans les eaux sombres. Ton coeur ralentit. Tu attends indéfiniment la pleine lune. Crois-moi ce n'est pas si souvent. Tu replonges et personne ne te tend la main. Tu te sens seule, presque en fuite. Mais qu'est-ce qui peut te guérir sinon de l'attention ? Tu aimerais que l'on te regarde pour de vrai, que l'on cesse de te réduire en miettes, comme un animal traqué, même pas. On ne te regarde pas mais on te répudie. On crie et on se moque sur ton passage. Tu te sens mal. Tu aimerais tout arrêter. Tout prendre de leurs vies et le jeter par la fenêtre. Tu aimerais simplement leur faire mal. Un mal incroyable. Tu as envie de leur crier dessus comme ils le font. Tu as envie de courir dans l'herbe, de te jeter du haut d'une falaise jusqu'à fendre les eaux pour remonter à la surface après quelques secondes. Tu te sens invisible. Personne ne te regarde telle que tu es. Tu es au bord du suicide. Mais avant tu voudrais leur faire mal, leur rendre ce qu'ils t'ont fait. C'est compliqué cette vie et personne ne peut comprendre. Tu es cette pauvre fille que l'on ne voit pas, on ne voit de toi que cette façade que tu cherches à gommer à tout prix. Rien n'y fait tu restes toi, parce que tu sais que devenir une étrangère ne changera rien, tu te sentiras mal autant. Ton coeur ralentit encore, il cessera bientôt de battre si tu continues comme ça. Tu vires dans quelques extrêmes. Tu manges trop puis plus du tout. Comme quand tu étais petite et qu'on ne te voyait pas. Tu ne demandes qu'un peu d'amour. Pas l'amour des grands jours, non, juste un peu d'attention, le respect de quelqu'un que l'on admire, que l'on aime bien. Pourtant personne ne porte ses yeux sur ton âme, on observe ton corps quand on critique, on gomme tes avantages pour souligner tes défauts. Tu as envie de leur hurler dessus. Tu aimerais te rebeller et tu ne peux pas. Tu ne veux pas sortir de l'ombre pour que l'on parle encore sur toi. Tu es invisible et tu souffres. Tu as peur de faire un pas dans la lumière parce que tu as la conviction intime que l'on te dénigrera encore et pour toujours. On te fait du mal et tu ne rends rien, personne ne sait la colère qui t'anime. Tu deviens méchante, on le ressent. Tu es comme un animal en cage, coincé derrière une image. On ne cherche pas à te connaître mais on te juge. Tu attends la pleine lune qui fera devenir réel ce rêve parfait où tu n'es pas invisible mais celui où tes cheveux brillent. Tu voudrais tout changer chez toi, ils te font du mal, te donne l'impression d'être sale. Depuis tu es instable, tu manges et tu vomis, tu refuses de voir le docteur, tu veux mourir et tu résistes à la vie. Depuis tu te caches, tu fuis la lumière qui te souille. Tu fuis les conversations et les autres. Tu fuis les gens parce qu'ils te font toujours du mal. Tu  fuis parce que tu ne peux rien faire d'autre. Tu poursuis ce rêve parfait à travers la nuit. Et tu attends que la roue tourne. Que quelqu'un d'inexistant te prenne par la main et t'entraîne dans ces livres dont tu connais par coeur chaque ligne. Ces mots qui t'écrivent comme une vivante, une jolie fille qu'on l'on remarque enfin et qui sa réalité, sa route et ses maux bien à elle. Tu te plonges dans ces pages et tu n'en sors pratiquement plus, tu te ronges les sangs puisqu'encore ton coeur ralentit. Tu ne connaitras jamais ton rêve parfait tu en es certaine. Tu perds espoir et la fin commence. Tu cesses enfin de manger. C'est ta voie qui s'ouvre. Tu crois que c'est la bonne parce qu'il n'y a pas d'autre issue. Tu te sens invisible, tu le deviens, tu ne fais rien pour te retenir, ainsi tu glisses. Tu glisses hors de la vie sur ce sol de plastique. Tu quittes cette non-vie parmi ces ignorants, tu deviens invisible et ton sang meurt. Ton âme coule et les souvenirs avec. Mais tu as encore mal et persiste ce fantôme qui hante les couloirs. Personne ne te voit, tu es vraiment devenue invisible. On ne te reconnait pas dans les couloirs. C'est ton rêve parfait qui part aux égouts. Tu es seule et tu as mal. Tes yeux débordent, tu continues de glisser dans l'abîme. Tu pars hors de cette horreur. Le soleil gris se lève, tu te caches, tu es cet animal traqué que tu ne voulais plus être. Il te colle à la peau, il ne te quittera plus jamais maintenant.

Et ton coeur ralentit. Tu te meurs cette fois. Pour de bon tu glisses hors de la vie. Tu deviens ce fantôme invisible. Tu hurles ta mort mais personne ne t'entend. Tu vois leurs lèvres bouger et rire, tu vois leurs mains qui pointent ton corps sur le sol et le sang qui se répand. Ils rient de toi. De ta mort. De ta perte. Tu as attendu la pleine lune pour atteindre ce rêve parfait mais je t'avais prévenu, il met du temps à venir. A tes dépends tu te meurs pour de bon. Tu as mal et comme tout le monde je te montre du doigt. Je colle un faux sourire sur mon visage parce qu'il faut sauver mes apparences, je ne serais pas ta remplaçante puisque je te dénigre. J'en suis désolé, je sais ce qu'il t'arrive. Je suis incapable de t'aider. Je t'ai vu dépérir, chaque jour j'ai ressenti ta haine sans que tu le saches. J'étais le doublet de ton âme sans que tu ne le trouves jamais. Je t'ai laissé mourir et c'est ma faute. Je n'ai même pas essayé de te sauver. Je survie pour nous deux. J'étais la main qui devait te relever, je suis cette main qui ne t'a jamais été tendue. Tu ne sais pas pourquoi mais je vais te le dire, je connais cette sensation d'être invisible. Mon coeur aussi a ralenti autrefois. Il ne m'a pas tué, il est devenu en pierre. J'ai voulu faire du mal à tous ceux qui m'en ont fait. Et tu sais toi aussi que ce sont les gens, chacun que tu croises et qui ne t'adresse pas la parole. C'était toi aussi bien qu'on ne se connaissait pas. Tu faisais parti d'eux et j'ai refusé de tendre la main à tous ceux qui auraient pu m'aider moi. Je suis ce coeur de pierre qui était invisible, je n'ai jamais guéri et il m'arrive la nuit, de t'envier de mourir. Tu meurs et tu rejoindras ce rêve parfait que j'ai imaginé. Tu es tout ce que je peux voir, tu deviens un fantôme et je te regarde trépasser. Je pointe le doigt comme ils le font, comme ils l'on fait pour moi, comme ils le feront pour ton prochain. Tu pars rejoindre ce rêve parfait dans tes songes. Tu plonges définitivement dans ces pages ayant été salies de tes mains que tu ne tendras jamais. Par la faute des miennes. Je suis quelqu'un d'horrible au coeur de pierre. Mais je suis comme eux puisqu'ils t'ont laissés mourir à petit feu. Sans eux tu n'aurais pas eu besoin de main tendue, tu n'aurais pas vécu cette descente aux Enfers. Ne l’oubli jamais et tu survivras dans ta haine, tu assouviras ta colère sur leurs vies misérables. Tu pourriras ce qu'ils ont pourri en toi : ton coeur.

Ils t'ont fait du mal. Ils m'ont fait du mal. Et ils continueront. Les morts s'enchaînent l'une après l'autre dans ce cercle sans fin. Parce qu'il n'y aura jamais une main tendue pour me rattraper, pour que je te rattrape, pour que tu sauves quelqu'un d'autre, qui sauvera sa moitié, qui aurait pu tendre la main elle aussi. Mais elle n'en aura jamais l'occasion puisque on ne m'a pas tendu la main, puisque maintenant tu es morte sur le sol, dans la lumière sous cette huée de doigts dirigés vivement vers toi dans une cruauté sans pareille. Tu es devenue invisible petite âme, tu es morte en transparence, à trop attendre la pleine lune. Les ténèbres nous rattrapent pour que l'on assouvisse leur colère qui devient la nôtre, leur haine qui coule dans nos veines.


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