"J'aimerai que quelqu'un m'attende quelque part. Mais personne ne m'attends, je ne manque nulle part. Hélas. Je ne suis pas le vide de quelqu'un. Tout le monde se bouscule dans les magasins, insouciants ils font leurs courses, se demandant ce qu'ils vont manger ce soir. Si le métro marchera le lendemain, si leurs potes sont libres la semaine d'après. Et moi je regarde tous ces gens qui passent, et je sais très bien qu'aucun ne pense à moi. Personne ne m’attend, encore moins quelque part. Ils courent après leur bus, ils s'engouffrent dans la bouche de métro en courant, serrant leur journal quotidien entre leurs mains fébriles, ils bipent leur carte técély. Ils feront sardine dans le métro blindé jusqu'au prochain arrêt. D'autres vont au restaurant avec leur amoureux, leurs enfants, leurs amis, leur mari ou leur femme. Que sais-je encore ? Que sais-je sur tout ces gens ? Si seulement un seul mourrait demain, personne ne le remarquerai dans cette foule. Qui s'apercevrait de l'absence de quelqu'un parmi tant de gens si on n'y songe pas. Mais si un, mourrait en public, devant eux, sur la place, chacun saurait qu'il est trop tard, certains se précipiteraient, essayant désespérément de retenir la vie qui s'échappe entre leurs doigts. Tous regarderaient de loin ou de près cette personne mourir, chacun fasciné par la mort, effrayante et lugubre, cette fin certaine, que parfois on attend, ou tantôt l'on redoute. Certains passeraient leur chemin faisant mine de ne rien remarquer. Du visage qui blêmit sans qu'on puisse rien y faire, du corps inanimé qui repose et qui saute aux yeux, ils sembleraient trop occupés ces gens, mais au fond ils penseraient comme tous, qu'un jour il faudra y passer, que ce sera leur tour, ils redoutent, ou ils espèrent selon leurs âges. Et moi personne ne m'attend quelque part. Personne pour me prendre dans ses bras quand je rentrerai à la maison. Jamais, pour me dire je t'aime, peut être même pour me crier sa haine il n'y a personne, tant mon existence est transparente. Je sais moi aussi que j'y passerai un jour, jour redoutable, qui nous prends dans l'instant sans nous demander notre avis, alors d'ici là, j'espère seulement, simplement, que quelqu'un m'attende quelque part. D'être sûre d'être dans les pensées de quelqu'un, en bien ou en mal, si l'on pense à moi, j'existerai même après la mort. C'est ça ma vie, j'aurai voulut être indispensable à quelqu'un. Je te le dis à présent, ça n'a plus du tout d'importance non ? "On n'emporte plus grand chose maintenant. Mais tu sais, je te le balance quand même, je t'aimais. Je t'aimerai. A demi mort."
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